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Journée régionale sur les démarches participatives territoriales : Lise Janneau
D’abord, merci à Pierre Lombrail, merci à Marie-Odile Frattini et à toute l’équipe de PromoSanté IdF d’avoir organisé cette journée qu’on avait en tête depuis longtemps déjà.
Il n’est pas chose facile de faire participer des habitants, des usagers, des citoyens à des projets de promotion de la santé. En effet, il y a des degrés différents d’implication qui peuvent aller jusqu’à l'implication dans la gouvernance d’une action. Et c’est cela qui est important et que nous allons travailler aujourd'hui : les degrés de la participation. On peut être ambitieux, certes. Ce qui est certain c'est que cette perspective devient un impératif de politique publique de santé et de politique publique tout court.
Je ne rappellerai pas les principes de la charte d’Ottawa, et puis ceux de Bangkok en 2005 qui nous encouragent à faire participer l’ensemble des parties prenantes et des acteurs concernés, que ce soient les autorités locales, les secteurs du social, de l’éducation, de la santé, les associations, les bénévoles, la société civile et tous les habitants concernés.
Parmi l’ensemble de tous ces acteurs, je pointerai les collectivités locales qui ont, pour nous, un rôle clef en tant qu’échelon de la démocratie, échelon de la proximité, pourvoyeurs de services publics au quotidien et qui représentent un levier très important pour favoriser une politique de promotion de la santé. Nous œuvrons, l'ARS avec les collectivités, dans ce sens depuis des années, en développant les Contrats Locaux de Santé ; il en existe aujourd’hui 75 en Île-de-France (présence territoriale plus précoce et plus importante par rapport aux autres régions). Elle s’appuie sur un tissu local très dynamique et pour lequel il n’y a jamais eu vraiment d’infléchissement, et encore moins pendant cette crise sanitaire. Donc, c’est pour ça que nous les co-finançons et les soutenons. Nous finançons également PromoSanté IdF, avec la préfecture de région, sur tous ces aspects-là. Et c’est vraiment fondamental.
La deuxième chose sur laquelle je souhaite insister, c’est notre souci de ne pas creuser les inégalités sociales et de santé (ISS) qui sont à l’œuvre dans tous les phénomènes qui se déclenchent ou s'aggravent, malheureusement, actuellement. La crise sanitaire l’a prouvé. Elle a renforcé, encore, des inégalités. D’où notre enjeu à tous de renchérir, encore, sur les actions et les efforts qu’on faisait déjà auparavant.
Nous avons décrit/écrit ce à quoi nous devions répondre dans le programme régional de santé de l’ARS Île-de-France qui vient de se terminer. Nous allons avoir un nouveau projet régional de santé qui va se construire pour les années qui viennent. Il est important de garder notre ligne de réduction des ISS. On avait un axe qui était vraiment dédié à ça : permettre à chaque Francilien d’agir sur sa santé. Et puis, on a également le programme régional d’accès à la prévention et aux soins : le PRAPS, qui vise les publics qui sont les plus éloignés, la très grande précarité ; les personnes sans domicile, les personnes hébergées, les personnes n'ayant pas accès au droit commun... Eux aussi doivent pouvoir s'exprimer dans des dispositifs participatifs. Même si c’est encore plus compliqué, il faut s’y atteler.
Je souhaite revenir, pour terminer, sur cette journée de la participation des habitants et des coopératives d’acteurs.
Une coopérative d’acteurs, c’est une notion qui a été inventée collectivement, entre l’ARS et ses partenaires : il en existe dix dans l’ensemble de l’Île-de-France. C’est un projet de long cours. Elle représente une base pour soutenir un groupe d’acteurs complémentaires entre eux (institutionnels, associatifs, participants bénévoles, etc). Elle produit un projet commun sur un territoire. C’est ambitieux et ardu à tenir sur la durée, mais ça paie vraiment.
C’est dans ce cadre-là que l'ARS Ile-de-France avait organisé cette journée du 15 novembre 2019, (qui avait réuni 150 personnes), pour mettre à jour les leviers, les difficultés de cette dynamique sur laquelle repose la participation des habitants. Vous retrouverez les actes de cette journée sur le site de l’ARS et sur celui de PromoSanté IdF. L’idée est que l’usager soit partenaire dès le départ de la construction du projet. J’ai relevé, parmi les éléments de leçon qui étaient importants dans ces échanges, et je suis sûre qu’il va y en avoir aussi dans cette journée, l’importance de la notion de confiance, de la notion d’espace de concertation, de s’appuyer sur ce qui existe déjà, de faire attention à l’adaptation au public sur leur mobilité, leur disponibilité, trouver un langage commun. Et puis, avoir une posture de professionnel qui soit adaptée, juste, qui rende légitimes les paroles de chacun. Enfin, de rechercher une situation qui soit volontairement égalitaire, d’un point de vue citoyen. Même si on ne peut pas faire de l’égalité sur tout, au moins sur la notion de citoyen, d’être humain, ça, c’est vraiment important et c’est ce qui était ressorti de cette journée. Et, bien évidemment, ne pas s’attacher qu’à la santé, mais à l’ensemble du vivre ensemble.
Je terminerai juste en disant que, peut-être, certains/certaines d’entre vous sont déjà connectés à tout ça, mais l’impact de la crise sanitaire nous a vraiment fait changer notre posture ARS sur notre implication dans tout ce secteur de la promotion de la santé, de la participation des habitants. On a créé un collectif qui s’appelle « covid stop ensemble », qu’on va faire évoluer. On a une lettre d’information - et pour tous ceux qui ne l’ont pas, mes collègues et moi, sommes à votre disposition pour vous donner le lien - qui paraît toutes les semaines, qui donne de l’information et, chose qui me tient à cœur beaucoup, parce que je l’ai constatée au fil des semaines où on s’est impliqués sur ce sujet-là et les retours que les associations nous font, c’est « la bonne information, l’information fiable », dans les quartiers. C’est le point de départ, aussi, de la participation. Il faut que les gens soient bien informés pour qu’ils puissent se sentir capables d’agir. Les fake news, l’avalanche d’informations et de désinformations des réseaux sociaux, c’est une plaie. La bonne information pour pouvoir garantir que ces personnes se sentent à leur juste valeur, acteurs, et qu’ils puissent avancer avec nous.
Bon travail à tous.