Capitalisation d'expérience « Bouger et croquer la santé aux Ulis »

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« Bouger et croquer la santé aux Ulis »

Ce récit d'expérience est réalisé sur la base d'un entretien de capitalisation conduit en juin 2017  avec le Dr. Anne-Françoise Brouers, Directrice du centre municipal de santé (sante@lesulis.fr ,01 70 56 50 03) et Corinne Massicot, infirmière

Principes de la démarche de capitalisation

Ce récit a été élaboré selon les principes de la démarche de « Capitalisation des expériences en promotion de la santé » (CAPS).

Le centre municipal de santé (CMS) des Ulis (91) mène depuis plusieurs dizaines d’années des actions sur l’alimentation, au départ auprès d’enfants et en lien avec leurs lieux d’accueil. Il a ensuite étoffé son programme en proposant un accompagnement global, auprès d’un plus large public (enfants et adultes, en situation de surpoids/obésité/diabète ou avec facteurs de risque, notamment en situation de précarité), à un plus grand nombre de thématiques (activité physique, bucco-dentaire…), et avec l’appui d’une diversité de partenaires spécialisés.
Le CMS joue un rôle triple en structurant l’offre sur le territoire : porteur de projet (ateliers, entretiens diététiques, activité physique adaptée…), relai et accueil des actions partenariales, et orientation vers d’autres dispositifs. Les infirmières et la diététicienne forment également les professionnels des écoles et le la ville. 

Intervention« Bouger et croquer la santé aux Ulis »
PorteurCentre Municipal de Santé des Ulis (CMS) 
Thématiques Activités physiques et sportives, Alimentation, Maladies chroniques 
Population cibleenfants en milieu scolaire ou périscolaire, enfants ou adultes en situation de surpoids, obésité ou diabète, personnes atteintes de handicap, femmes enceintes ou avec problèmes de fertilité et de surpoids/obésité, seniors, publics précaires, grand public, enseignants, cuisiniers en milieu scolaire ou crèches… 
CalendrierDepuis 1980
Milieu d'interventionCentres de santé, Milieu scolaire 
Territoire concernéLa commune des Ulis (91), notamment dans les quartiers en politique de la ville (QPV)
Principaux partenairesCommune des Ulis, Agence régionale de santé IdF (ARS-IdF), RéPOP-IdF, REVESDIAB, réseau ROMDES (Réseau obésité multidisciplinaire des départements franciliens), la Protection maternelle et infantile (PMI), professionnels de la santé scolaire, services municipaux (sports, aînés…), Club omnisports des Ulis, « Maisons pour tous » (centres sociaux), Épicerie sociale des Ulis…
Équipe sur le programmeDirectrice du CMS, diététicienne (mi-temps) et 2 infirmières, gynécologues et sage-femme, chirurgiens-dentistes, assistantes dentaires…
Objectifs
  • Répondre aux enjeux sur le territoire en matière de nutrition concernant ses deux volets complémentaires et indissociables - diététique et activité physique :
    • Réduire la prévalence du surpoids et de l’obésité par des actions globales de prévention
    • Proposer un accompagnement aux personnes avec pathologie (surpoids, obésité, diabète)
  • Structurer l’offre de promotion de la nutrition avec les différentes structures intervenant sur le territoire des Ulis, afin de gagner en cohérence, pertinence et pérennité sur les actions proposées.
    • Mener une politique globale dans le domaine de la santé bucco-dentaire
    • Accueil des publics en situation de handicap.

Sigles utiles : 

  • CMS : Centre Municipal de Santé
  • PMI : Protection Maternelle et Infantile
  • QPV : Quartier en Politique de la Ville
  • RéPOP : Réseau de Prévention et Prise en charge de l'Obésité Pédiatrique
  • SESSAD : Service d’Education et de Soins Spécialisés à Domicile

Contexte et enjeux

Du fait de multiples enjeux liés à la nutrition sur la commune, notamment dans les QPV, des actions sur l’alimentation sont conduites par le Centre municipal de santé des Ulis (CMS) depuis plusieurs dizaines d’années. Elles sont menées depuis l’origine par les infirmières du CMS à destination d’enfants (maternelle, CP, CM1), en complément de formations aux enseignants et cuisiniers de crèche. 

L’obésité infantile étant devenue une priorité pour les PMI et la santé scolaire, le CMS a étoffé ce programme depuis environ 10 ans : une diététicienne a été recrutée à mi-temps (en complémentarité des infirmières), et un partenariat a été noué avec le RéPOP-IdF. Au fil des années, le projet s’est ainsi élargi progressivement

  • En termes de publics : adultes ou adolescents en surpoids ou obésité ou avec facteurs de risque, adultes diabétiques, femmes enceintes ou ayant des problèmes de fertilité pour cause de surpoids (suite au recrutement d’une sage-femme au sein du CMS), seniors, populations précaires, populations ne parlant pas ou peu la langue française, personnes en situation de handicap (suite à un diagnostic mené par la municipalité en 2015), grand public…
  • En termes de thématiques abordées en plus de l’alimentation, pour les personnes suivies dans les programmes nutrition : activité physique dans presque toutes les actions, et parfois prise en charge psychologique, gynécologique, dentaire… 
  • En termes de partenariats pour assurer une complémentarité et une plus grande diversité d’interventions : RéPOP-IdF, réseau ROMDES, réseau REVESDIAB, Service des sports de la ville, centres sociaux, épicerie sociale, cours d’alphabétisation, adultes relais,… 

Concrètement, le projet du Centre municipal de santé inclut des actions directement organisées par la diététicienne et les infirmières internes, mais consiste également en l’accueil des différents partenaires pour qu’ils organisent leurs ateliers et consultations dans les locaux du CMS. Cela permet donc la mise à disposition pour les ulissiens d’un programme complet, pour tous les âges et problématiques, et selon les besoins spécifiques de chaque public. Le CMS joue donc un rôle triple : porteur de projet, relai et accueil des actions partenariales, et enfin orientation vers d’autres dispositifs externes si nécessaire.

Objectifs du programme « Bouger et croquer la santé aux Ulis »

  • Répondre aux enjeux sur le territoire en matière de nutrition concernant ses deux volets complémentaires et indissociables : diététique et activité physique :  
    • Réduire la prévalence du surpoids et de l’obésité par des actions globales de prévention, pour tous types de publics et notamment les publics à risque ;
    • Proposer un accompagnement aux personnes avec pathologie (surpoids, obésité, diabète).
  • Structurer l’offre de promotion de la nutrition avec les différentes structures intervenant sur le territoire des Ulis (services municipaux, réseaux spécialisés, secteur médico-social, milieu scolaire…), afin de gagner en cohérence, pertinence et pérennité sur l’ensemble des actions proposées.
  • Mener une politique globale dans le domaine de la santé bucco-dentaire
    • Promotion de la santé bucco-dentaire dans les écoles et à l’occasion des soins dentaires réalisés au CMS (BBD enfants, jeunes, femmes enceintes,…) ;
    • Dépistage dentaire et séances de motivation à l’hygiène bucco-dentaire dans les écoles ;
    • Accueil des publics en situation de handicap.

Modalités d’action (selon les 5 domaines de la promotion de la santé - Charte d’Ottawa) :

Le schéma ci-dessous classe les actions développées dans le cadre du programme selon deux niveaux de lecture : 

  • selon les 5 axes de la promotion de la santé définis par la charte d’Ottawa
  • selon les publics concernés par chacune des actions : bénéficiaires finaux (en vert) ou professionnels, élus, bénévoles (en jaune-orange). 

Quelques points notables du programme…

  • Rôle charnière de la diététicienne et des infirmières du CMS : montage de projets et de partenariats, consultations individuelles ou ateliers de groupe, amenant à une orientation vers les différents programmes internes ou externes (réseaux partenaires, éducateurs sportifs…). 
  • Projet global en matière de nutrition et santé, afin de s’adapter aux spécificités de chaque population (avec ou sans pathologie notamment) : modalités adaptées aux publics et aux besoins, actions dans le CMS ou dans des lieux fermés (écoles…), appui sur d’autres catégories de professionnels si nécessaire (psychologues, médecins, sages-femmes, éducateurs sportifs, dentistes, gynécologues, professionnels de centres sociaux ou d’épiceries solidaires, associatifs, adultes relais…).
  • Partenariat avec des réseaux adaptés, primordial pour une prise en charge globale : le RéPOP pour les enfants en surpoids ou obèses (avant 16 ans), ROMDES pour ces mêmes pathologies après 16 ans (jeunes ou adultes), REVESDIAB pour les adultes diabétiques de type 2 ou à risque. 
  • Volonté dans toutes les actions de proposer un accompagnement global, diététique et sensibilisation à l’activité physique. Avec en plus des séances régulières d’activité physique adaptée (éducateurs spécialisés en sport-santé) pour les enfants/jeunes en surpoids ou obésité, les personnes souffrant de handicap ou encore les seniors. Objectif notamment pour les jeunes de leur redonner confiance avant de les orienter vers des associations sportives ‘classiques’. Réflexion par ailleurs en cours pour aller plus loin, dans le cadre du décret « Sport sur ordonnance ». 
  • Mise en œuvre d’actions en direction des publics en situation de handicap mental, adultes et enfants, populations qui sont souvent non prioritaires en matière de promotion de la nutrition, alors que les risques d’obésité et de troubles de l’alimentation sont très fréquents. Les actions sont multiples : entretiens diététiques après orientation par les Services d’accompagnement à la vie sociale (SAVS), interventions dans un foyer d’adultes, travail avec les enfants dans un Service d’éducation et de soins spécialisés à domicile (SESSAD). 
  • Co-construction d’une partie des thématiques avec les bénéficiaires « quand on fait des groupes avec des personnes, c’est elles qui nous disent sur quoi elles ont envie de travailler ». Par ailleurs, le CMS a conduit un diagnostic sur le handicap (recrutement d’une chargée de mission), et a quelques fois accompagné le Conseil municipal des jeunes (projet sur la nutrition et la construction d’un parcours sportif) et le service des aînés. 
  • Gratuité des actions pour que cela ne soit pas un frein, dans cette commune possédant des quartiers en politique de la ville.

Comment transposer au mieux ce programme ?

Freins identifiés par la structure, et comment les éviter ou les réduire

Réduction des budgets de la collectivité et négociation permanente de subventions, pouvant être un frein majeur au projet (pérennisation des actions et des recrutements) Implication du maire-adjoint sur les sujets de santé et porteur des besoins du CMS, signature avec l’ARS d’une subvention sur 3 ans assurant une projection à moyen terme
Difficultés pour trouver une diététicienne correspondant pleinement aux enjeux multiples du projet : consulter en individuel, animer des ateliers, créer des partenariats, monter des projets, être créative et favoriser le contact …Plusieurs tentatives avant de trouver une diététicienne sachant endosser tous ces rôles et possédant toutes les qualités nécessaires
Poste de diététicienne seulement sur un mi-temps, insuffisant compte tenu des enjeux du programme Limite compensée par le fait qu’elle occupe des postes complémentaires auprès d’acteurs liés au CMS (hôpital, réseaux partenaires), permettant d’assurer une continuité et un meilleur suivi des populations
Pour les interventions en « milieu fermé » (écoles, SESSAD…), pas toujours simple de faire en sorte que les personnels (enseignants, éducateurs…) prennent le relai pour pérenniser le projet, et aussi d’impliquer les parents (« passerelles école-famille »)Formation des personnes ressources, et importance de garantir la stabilité et l’implication de ceux-ci.  « Il faut des gens qui y croient, qui soient réactifs, ouverts, non culpabilisants, qui aiment le contact, qui sachent se remettre en cause… »
Appropriation des messages pouvant être perturbée par des « publicités parallèles » (ex. pour des comprimés nutritionnels, des régimes sans gluten sans raison médicale…), ou certaines habitudes culturelles « dans certaines cultures quand on donne de l’eau c’est qu’on n’a rien d’autre à donner »Travail des infirmières et diététiciennes sur les messages et les typologies de produits avec les bénéficiaires, pour leur donner une capacité de réflexion tout en veillant à ne pas culpabiliser « si on veut que les gens adhèrent il faut partir de ce qu’ils font »

Leviers de réussite pour la structure

  • Portage politique : « avoir un portage politique fort, quand on est soutenus c’est plus simple ».
  • Multiples partenariats comme point clé du projet (réseaux, services municipaux, médecins généralistes…), permettant de mutualiser les compétences et l’offre proposée en promotion de la santé, et de pallier au manque de financements propre à chaque projet et structure. 
  • Cohérence entre les actions et messages des différents intervenants sur le projet (CMS, enseignants, partenaires…), éviter les messages contradictoires : « qu’il y ait un langage commun et un vrai travail transversal ».
  • Stabilité, qualité et multi-compétences des intervenants pour le programme (diététicienne et infirmières en 1er lieu), avec notamment l’importance accordée à l’aspect relationnel pour gagner la confiance des bénéficiaires, surtout pour certains publics complexes (handicap mental, enfants, personnes parlant peu ou pas du tout le français…). « Avoir des gens motivés, contre vents et marées qui ont toujours envie. Il faut être présent tout le temps et ne pas lâcher. »
  • Orientation multiple des bénéficiaires vers l’offre du centre de santé, permise par les partenariats: via les médecins traitants (la moitié des orientations, notamment grâce au partenariat avec le RéPOP), les services de PMI, les infirmières scolaires, mais également le bouche à oreille. 
  • Créativité dans la constitution des actions, pour renouveler les pratiques et outils, et ainsi ne pas lasser les bénéficiaires sur le long terme (ex. pique-nique vélo, jeux de piste, énigmes, cuisine pour les petits porte-monnaie…). 
     

Retours d'expériences en matière de nutrition